Le sentiment d'appartenance à l'université est un facteur inattendu de consommation excessive d'alcool
Actualités de la santé mentale des étudiants
Une nouvelle étude menée par des chercheurs de Penn State, de l’Université de Californie à Santa Cruz et de l’Université de l’Oregon révèle un paradoxe surprenant : les étudiants qui se sentent le plus intégrés à leur université seraient plus enclins à la consommation excessive d’alcool.
Des résultats contre-intuitifs
Les chercheurs ont analysé les données de 4 018 étudiants universitaires au cours de l’année académique 2022-2023. Leur conclusion principale est frappante : les étudiants présentant une bonne santé mentale et un fort sentiment d’appartenance à leur établissement sont plus susceptibles de pratiquer le « binge drinking » (consommation excessive d’alcool en une seule occasion) que leurs camarades moins connectés à la vie universitaire.
Le rôle de la perception
L’étude met en lumière un décalage important entre la réalité et la perception des étudiants concernant la consommation d’alcool sur les campus. Alors que moins d’un tiers des étudiants déclarent avoir pratiqué le binge drinking au cours du mois précédent, la majorité estime que leurs camarades consomment entre trois et cinq verres plusieurs fois par semaine.
Un défi complexe pour les universités
Ces résultats placent les établissements face à un dilemme : comment favoriser le sentiment d’appartenance, crucial pour la réussite académique et le bien-être des étudiants, tout en limitant les comportements à risque ? Les chercheurs suggèrent plusieurs pistes :
- Créer davantage d’opportunités de socialisation sans alcool
- Développer un environnement inclusif pour tous les étudiants, particulièrement ceux issus de minorités
- Travailler sur la perception erronée de la normalité de la consommation excessive
Implications pour la santé publique
Cette recherche souligne l’importance d’une approche nuancée dans la prévention de l’alcoolisme en milieu universitaire. Le sentiment d’appartenance, bien qu’essentiel au succès académique, doit être accompagné d’une culture universitaire qui ne place pas l’alcool au centre des interactions sociales.
Les chercheurs insistent : il ne s’agit pas de décourager le sentiment d’appartenance, mais plutôt de repenser la manière dont les étudiants peuvent créer des liens significatifs sans recourir à la consommation excessive d’alcool.
Source : Danny Rahal, Kristin J. Perry, Stephanie T. Lanza. Mental Health Modulates Associations between Institutional Belonging and Substance Use Risk. Journal of Studies on Alcohol and Drugs, 2024